La science ne mâche pas ses mots : un cerveau productif est un cerveau reposé. Pourtant la tendance est toujours de relever les défis et prendre des risques dans le même temps : le surmenage.
Tout donner. « Harder better faster stronger » comme le dit la chanson. Mais on ne peut pas forcer la productivité. Et foncer tête baissée vous empêche de garder un œil sur votre destination. Comment une entreprise peut-elle être productive ? C'est simple : en levant le pieds de temps en temps.
La science de l'inaction
La productivité était un problème très simple durant la révolution industrielle : moins une machine était éteinte, plus elle produisait. L'arrivée d'Internet, du 21e siècle et l'ère de la machine, ont permis de conserver l'attention sur la disponibilité. Mais les personnes ne sont pas des machines. Être constamment « en fonctionnement » a même l'effet inverse sur le cerveau humain. Que vous ayez beaucoup de responsabilités ou que vous soyez un simple employé : si l'innovation et la productivité vous intéressent, il vous faudra appliquer les points suivants à la lettre.
Parce que nos cerveaux ne cessent jamais de fonctionner et même pendant des activités relaxantes comme rêvasser. Il existe une tonne de preuves pour appuyer ces propos. Il suffit de comparer cela au sommeil : de la même manière que votre cerveau fait fonctionner une machinerie très complexe durant cette période (uniquement de nuit pour certains !), cette machinerie a également besoin de repos lorsque vous êtes éveillé. Ceci permet d'améliorer votre attention et votre motivation, vous conserve au meilleur de vos capacités et aide à la créativité ainsi qu'à la productivité. Ce mystérieux état cérébral a même un nom : Mode réseau par défaut.
Boulot, boulot, boulot !
« L'inactivité n'est ni des vacances, de l'indulgence ou encore moins un vice. Elle est aussi indispensable pour le cerveau que la vitamine D l'est au corps » écrit Tim Kreider, rédacteur au New York Times. « L'espace et le calme que procure l'inactivité font partie des conditions nécessaires pour prendre du recul sur la vie et adopter une autre perspective. Ceci permet de faire des rapprochements inattendus et attendre les éclairs d'orages d'été pour être frappé par l'inspiration est paradoxalement indispensable pour avancer vraiment dans son travail. »
Malheureusement, cela ne marche pas comme ça dans la plupart des entreprises actuelles. Passer une demi-heure à regarder par la fenêtre serait considéré comme une perte de temps. Et le temps est bien trop précieux pour être perdu. Boulot, boulot, boulot !Cependant, « être occupé » et « être productif » sont deux choses complètement différentes : Le monde des affaires c'est la productivité sans la concentration. En d'autres mots, tout sauf productif. Mais vous ne pourrez jamais le réaliser tant que vous ne vous serez pas arrêté pour respirer un coup.
Prenez l'exemple du Boston Consulting Group. Durant plusieurs années, une culture de l'addiction au travail a régné ici. Les longues journées, les heures supplémentaires et le travail à la maison le soir et le weekend régnaient en maîtres. Jusqu'à ce que des chercheurs de Harvard eurent la brillante idée de leur offrir au moins une soirée de libre par semaine pour des activités personnelles. Les résultats parlaient d'eux-mêmes : après 5 mois, les consultants ayant adopté les éléments de repos obligatoires ont déclaré être plus satisfaits avec leur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, prêts à rester employés dans cette société et plus fiers de leurs réussites. Une excellente preuve que le repos est aussi essentiel que le travail dans une entreprise.
Impossible de forcer la productivité
Prenons cet excellent exemple au sein d'un des environnements les plus réputés pour sa productivité pour comprendre ce qu'il faut éviter de faire. Voici ce que disait la une d'un journal la semaine dernière : « Les employés de Volkswagen jugent l'objectif de productivité de la direction irréalisable ». C'est en effet le plan du comité de direction pour récupérer l'argent perdu suite au scandale dont a souffert la marque il y a peu : exiger 10 % de productivité supplémentaire à ses employés. Les dirigeants syndicaux pensent que l'idée est tout à fait irréaliste et qu'elle ne mènera donc à rien.
Qu'aurait pu faire Volkswagen ? Ils auraient pu faire prévaloir les investissements technologiques futurs davantage. Ou envisager une solution qui allie efficacité et le soutien des employés. Quoi qu'il arrive, pas besoin de travailler dans l'automobile pour comprendre que le plan d'action en 12 points de Volkswagen n'est vraiment pas une solution viable. Que vous élaboriez une voiture, une application ou un site web, forcer les gens à travailler plus n'est jamais facile. Peu importe le nombre d'heures que vous passerez cloués à votre chaise de bureau, la volonté demeure une ressource limitée. Lorsqu'on l'épuise on ne fait plus que perdre son temps.
Du temps pour quoi ?
Ce qui nous amène à notre ultime point : comprendre la quête perpétuelle du temps. Car il s'agit bien d'une quête. Une simple recherche Google comme « productivity tools » (outils de productivité) renvoie plus de 33 millions de résultats.
« Les 21 meilleurs outils de productivité pour ajouter des heures à votre journée ». Un titre prometteur n'est-ce pas ? Mais que ferez-vous avec tout ce temps libre de gagné ? La même routine, ignorant ainsi l'air de rien ce que les neurologues et les psychologues avancent depuis plusieurs années ?
La valeur ajoutée des outils de productivité devrait se résumer ainsi : profiter davantage de la période d'activité pour que l'esprit puisse se revitaliser durant la période d'inactivité. Le temps gagné en travaillant plus efficacement pourra ensuite être investi pour votre temps libre. Regardez par la fenêtre, allez vous promener, passez la soirée avec votre famille ou partez pour un weekend entier. Si vous insistez pour passer ce temps gagné au travail, prenez au moins ce temps pour réfléchir tranquillement plutôt que travailler sans discontinuer. Car parfois la pédale de frein est bien plus efficace que celle d'accélération.
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